La semaine dernière, nous avons fait une visite dans le vieux GENSAC afin de faire le lien avec l’histoire du Moyen-Age en France.
1) Le blason – la devise
Le blason de GENSAC est incrusté dans les cailloux lavés de la halle. Il représente une serre d’aigle. Selon une étymologie savante créée par des érudits bon latinistes, l’origine du nom GENSAC serait dans la devise du village : Gens acutat tenet, que l’on peut traduire par « les gens qui résistent », « les gens qui ont du courage »
En réalité, il s’agit certainement d’un nom de ferme gauloise ou de domaine gallo-romain en -acum (qui explique le suffixe -ac) ; la devise Gens acutat tenet ayant été formée à partir du nom « GENSAC » et non pas l’inverse.
2) Les remparts
Comme toutes les villes fortifiées du Moyen-Age, GENSAC possédait des remparts. Le lieu qu’occupe ce petit village est d’ailleurs si bien fortifié par la nature qu’il a dû, dès les temps les plus reculés, servir de refuge. La partie ancienne du bourg a été édifiée sur un promontoire aigu et assez élevé, à l’intersection de deux vallons assez profonds : à l’ouest, le vallon de la Durège, et à l’est, un vallon moins important au fond duquel coule un petit ruisseau très encaissé appelé » ruisseau de la ville ».
Il est très probable que « le cour des fossés » soit le nom de l’ancien fossé qui était devant les remparts sud de l’époque.
3) L’ancien château
Au Moyen-Age existait un château à l’extrême pointe du promontoire. Ce qui en subsite révèle le XIIIème siècle. Nous avons eu la chance inouïe pendant notre visite de rencontrer la propriétaire des lieux qui nous a fait entrer dans sa propriété. On peut voir sur les photos l’ancien mur d’enceinte ainsi que la poterne, passage dans les fortifications (aujourd’hui sécurisé par un garde-corps en métal) qui permettait de fuir en cas d’attaque ou encore de se débarrasser des déchets en les jetant par dessus bord.
4) les puits
Au Moyen-Age, pas d’eau courante dans les maisons… Les enfants, souvent, assumaient les corvées qui consistaient à aller chercher l’eau au puits pour l’amener au foyer.
5) Les ruelles
Les rues n’étaient pas disposées au hasard au Moyen-Age : elle étaient souvent réunies par corporations, par groupements de métiers, et étaient ainsi plus aisées à retrouver alors même qu’une immense partie de la population ne savait pas lire. Ainsi dans la rue Portepinte, on pouvait trouver une auberge (où l’on pouvait poser sa pinte sur les rebords extérieurs en pierre), ou encore dans la rue Fromagère, il était possible de trouver des fromagers.Le nom des rues avait une signification. Ainsi la rue « Torte » était tortueuse.
La présence d’une rigole centrale dans ces ruelles en dévers a laissé dans la langue française une expression aujourd’hui utilisée : « tenir le haut du pavé« . Les riches bourgeois ne marchaient pas dans les eaux boueuses du milieu de la chaussée. Au Moyen-Age, les pavés des ruelles était très larges, comme ceux qui se trouvent dans le petit jardin derrière la Mairie.
6) La chaire de Calvin
En 1560, la synode (assemblée d’hommes d’église) de CLAIRAC confirme officiellement la religion des protestants dans toute la région. GENSAC devient un avant-poste de ce que l’on va appeler la Réforme protestante, une autre façon de pratiquer la religion chrétienne. La majorité de ses habitants suivent cette nouvelle doctrine, les uns par conviction, les autres pour suivre l’exemple de leurs seigneurs.
Jean CALVIN, un franco-suisse et Martin LUTHER, un germanique, ont été les grands penseurs de cette réforme.
Du haut de cette « chaire » en forme de « cul de lampe », on peut penser que des porte-paroles de ces protestants ont pu tenir des discours très écoutés.
7) Les maisons du Moyen-Age
Les maisons des riches étaient en pierre. D’autres étaient faites en bois et en torchis comme celles des maisons des Gaulois. On les appelait ainsi : maisons à colombages.
Une maison à GENSAC est à colombages, celle du musée du boulanger. Les fenêtres en pierre forment une croix : ce sont des fenêtres à meneaux qui laissent passer la lumière par des vitraux.
8) Pierre d’Escodeca de Boisse (seigneur de Pardaillan)
Tu repéreras la « Maison au chats » dans GENSAC (actuelle maison de la famille PIGEON). Il y eut un meurtre dans cette maison au Moyen-Age. Pour bien comprendre pourquoi il eut lieu, il faut bien comprendre la guerre qui sévissait à l’époque entre les catholiques et les protestants :
En 1575 a lieu le premier siège de GENSAC dirigé par Blaise de MONTLUC. La ville, qui est protestante, tombe aux mains de l’armée catholique. Les habitants restent farouchement protestants malgré la présence officielle de la religion catholique. Près de 50 ans plus tard, en 1621, le seigneur de PARDAILLAN (Pierre d’ESCODECA DE BOISSE), protestant et capitaine renommé de la région, commet une trahison en allant rejoindre l’armée du roi Louis XIII, profondément catholique.
Pour se venger de cette trahison, SAVIGNAC, le seigneur d’EYNESSE, profondément protestant, le fait assassiner par ses mousquetaires, selon une vieille tradition, dans une pièce d’une maison donnant vers l’est.
9) La devinette à 4 images.
Enfin, pour te souvenir de cette visite, retiens bien la devinette à quatre images :
Quel est le nom de ce style de grosses pierres qui ornent les murs de la Mairie ? Le bossage de refends. Mais là, on n’est plus au Moyen-Age…. on est au XIXème siècle, le siècle de Victor HUGO.
Merci à Mme GONZALEZ, la maman de Rafaël, pour ses photos, ainsi qu’à feu Max BONNAVAL, ancien instituteur à GENSAC pour ses recherches aux Archives Départementales de la Gironde.