Gensac, village historique

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Vendredi dernier, par beau temps, nous sommes allés visiter les points remarquables du village de GENSAC. Sandrine, la maman de Romain, a bien voulu nous accompagner et apporte aujourd’hui à nouveau sa contribution en nous transmettant quelques clichés des élèves de notre classe. Merci à elle.

Voici le déroulé de la visite. Cet article est un peu plus documenté que la simple visite avec les enfants.

1) La croix Saint Jean

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Au départ, nous avons cherché la fameuse « Croix Saint Jean », endommagée sur la partie gauche. Ce nom était mentionné sur l’écriteau de la rue où nous nous trouvions, endommagé de la même manière que la croix.
L’école se situe au « 24 rue de la Croix Saint Jean ».croix saint jean_resultat

Dans la religion chrétienne, Jean était un apôtre qui écrivit une partie des Evangiles : c’est à dire qu’il était un proche de Jésus Christ et qu’il est l’auteur de certains morceaux du Nouveau Testament de la Bible, le grand livre des chrétiens.

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Dans certains villages du sud de la France, le 24 juin, on fête la Saint Jean, symbole du début de l’été en dansant autour de grands feux de joie.

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2)  L’expression « trier sur le volet »

Toujours dans cette rue de la Croix Saint Jean se trouve une ancienne devanture de boutique (photo manquante = panne de batteries de l’appareil photo du maître). Voici à quoi elle aurait pu ressembler jadis :
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L’expression « trier sur le volet » provient de cette habitude que les commerçants avaient à défaire les volets de leur enseigne pour les installer par la suite sur des tréteaux dans la rue… et à y déposer leurs marchandises. Comme aujourd’hui avec les vitrines, ils proposaient aux passants leurs plus belles pièces pour en garder les moins flatteuses dans l’arrière boutique du magasin : ils triaient leurs marchandises à même leurs volets.

Aujourd’hui, l’expression « trier sur le volet » est restée dans la langue française. Elle date du Moyen-Age.

3) La rue Torte, une rue….tortueuse

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Si tu regardes bien la photo de cette rue, noueuse tel un cep de vigne, tu t’apercevras qu’elle possède une rigole centrale. Jadis, on construisait ainsi les rues pour que l’eau s’évacue en surface. Il n’y avait pas de récupération des eaux pluviales sous la route comme souvent aujourd’hui.

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En rapport avec ce caniveau d’une époque ancienne, une expression a encore traversé  : « Tenir le haut du pavé » : les riches, dûment bien vêtus, marchaient sur les bords des ruelles, en hauteur, là où ils ne risquaient pas l’éclaboussure. Il existe d’autres ruelles agencées de la sorte dans Gensac :

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Pa ailleurs, le chemin de l’eau suivait bien souvent des gargouilles en pierre, alors même que l’on ne savait pas encore fabriquer les tubes de zinc que l’on nomme aujourd’hui : gouttières.

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Au croisement de la rue Croix Saint Jean et de la rue Torte, se trouvait certainement un ancien puits. Aujourd’hui, une collecte souterraine des eaux de pluie a été aménagée.

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L’emplacement des puits au Moyen-Age se situait souvent à la croisée des ruelles afin que l’on puisse aller chercher l’eau plus aisément.

Voici un autre exemple à Gensac de ce probable puits où allaient se ravitailler les « porteurs d’eau », l’eau courante individuelle et à volonté n’existant dans aucun des foyers gensacais:

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3) Le blason, la devise de Gensac

Un peu plus loin, sous la halle, on trouve le blason de Gensac :

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Le blason de GENSAC est incrusté dans les cailloux lavés de la halle. Il représente une serre d’aigle.  Peut-être parce que Gensac se situe sur un éperon rocheux…Selon une étymologie savante créée par des érudits latinistes, l’origine du nom GENSAC serait dans la devise du village : Gens acutat tenet, que l’on peut traduire par « les gens qui résistent », « les gens qui ont du courage »

En réalité, il s’agit  certainement d’un nom de ferme gauloise ou de domaine gallo-romain en -acum (qui explique le suffixe -ac) ; la devise  Gens acutat tenet ayant été formée à partir du nom « GENSAC » et non pas l’inverse.
La halle attenante n’est pas d’époque, elle a été achetée par la Mairie à une autre commune lors de la rénovation de la partie ancienne du village, il y a une dizaine d’années environ.

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De la halle d’époque que tu peux voir sur cet ancien cliché, on a récupéré l’armature en fer pour construire l’actuelle salle polyvalente.

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4) La rue Portepinte

Les rues n’étaient pas disposées au hasard au Moyen-Age : elle étaient souvent réunies par corporations, par groupements de métiers, et étaient ainsi plus aisées à retrouver alors même qu’une immense partie de la population ne savait pas lire. Ainsi, dans la rue Portepinte, on pouvait trouver une auberge (où l’on pouvait poser sa pinte sur les rebords extérieurs en pierre). Dans la rue Fromagère, il était possible de trouver des fromagers, et enfin par le passage du Foirail, on y rejoignait la foire, le marché.

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Dans la rue Portepinte, on y trouve donc ces fameuses pierres protubérantes qui servaient à …porter les pintes de boisson, boisson que l’on buvait dans la rue à l’extérieur des auberges. Les anneaux en fer servaient à attacher les chevaux des clients. Quant à la pierre percée d’un orifice, elle permettait d’accrocher un flambeau lorsque pointait l’obscurité de la nuit. Ce chat, lui, n’a pas connu cette époque…

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5) Les remparts

Comme toutes les villes fortifiées du Moyen-Age, GENSAC possédait des remparts. Le lieu qu’occupe ce petit village est d’ailleurs si bien fortifié par la nature qu’il a dû, dès les temps les plus reculés, servir de refuge. La partie ancienne du bourg a été édifiée sur un promontoire aigu et assez élevé, à l’intersection de deux vallons assez profonds : à l’ouest, le vallon de la Durège, et à l’est, un vallon moins important au fond duquel coule un petit ruisseau très encaissé appelé   »ruisseau de la ville « .
Il est très probable que « le cour des fossés » soit le nom de l’ancien fossé qui était devant les remparts sud de l’époque.

On voit un reste de l’ancien rempart chez M. PENNY, mais aussi en le regardant du haut de la route qui va vers Pessac sur Dordogne, et enfin on le devine en contrebas du village.

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6) L’église

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Nous avons continué notre visite. En chemin, nous avons pu saluer notre chauffeur de bus préféré, Jean-Philippe, qui nous a entendu arriver de sa fenêtre…

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Marie-Paule PAULETTO est ensuite venue nous ouvrir l’église.

A l’intérieur, on a reconnu les détails d’une église décrite par PAGNOL au sein de nos précédentes lectures : « Jean de Florette » et   »Manon des Sources » : la chaire, du haut de laquelle le prêtre faisait son sermon.

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Le confessionnal, pour avouer ses péchés. Le maître n’a pas réussi a en obtenir un seul de ses élèves.

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Le bénitier, célèbre depuis le baptème de Clovis :

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L’orgue, qui a beaucoup plu à Maxine :

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Et enfin une guerrière que l’on connait bien puisque l’on a déjà narré ses exploits dans nos cours d’Histoire : Jeanne d’Arc.

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7) Autour de l’église

Autour de l’église, on trouve deux puits. Au temps de tes aïeux, c’étaient les enfants qui se chargeaient de la tâche quotidienne d’aller quérir l’eau pour les besoins quotidiens de la famille, comme l’illustre cette photographie ancienne.

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Ce jour là, Noé, aux pieds endoloris, n’aurait pas pu porter l’eau.

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Maxine et sa chevelure ruisselante, telle l’eau qui coule en abondance, illustre parfaitement bien l’esprit du lieu.

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Derrière l’église se situait l’ancien cimetière. Les cailloux blancs qui jonchent le sol témoignent de son existence passée :

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8) Le château

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Un château ? Mais où ? Il a existé au Moyen-Age comme le montre cette ancienne lithographie. Il se situait à la pointe de l’éperon rocheux où est construit le bourg de Gensac.plan chateau

A sa place, est érigée l’actuelle résidence de Mme DEVILDER. L’année dernière, nous avions eu l’opportunité d’entrer dans cette propriété. Voilà la vue que nous pouvions admirer à travers la poterne. Une poterne est un passage dans les fortifications (aujourd’hui sécurisé par un garde-corps en métal) qui permettait de fuir en cas d’attaque ou encore de se débarrasser des déchets en les jetant par dessus bord. :

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Une légende du Moyen-Age raconte qu’un être fantastique vivait dans une grotte très profonde
sous le château et que la nuit il venait s’accroupir sur la poitrine des dormeurs en les empêchant de respirer. Méfie-toi des légendes…

9) En longeant les anciens remparts…

On l’a vu précédemment, comme toutes les villes fortifiées du Moyen-Age, Gensac possédait des remparts. Le lieu qu’occupe ce petit village est d’ailleurs si bien fortifié par la nature qu’il a dû, dès les temps les plus reculés, servir de refuge. La partie ancienne du bourg a été édifiée sur un promontoire aigu et assez élevé, à l’intersection de deux vallons assez profonds : à l’ouest, le vallon de la Durège, et à l’est, un vallon moins important au fond duquel coule un petit ruisseau très encaissé appelé  » ruisseau de la ville ».
Il est très probable que « le cour des fossés » soit le nom de l’ancien fossé qui était devant les remparts sud de l’époque.

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Cette rue est parfois appelée « rue des remparts »car elle est construite sur les restes des anciens remparts qui menaient au château. Un castrum, édifié au XIIIè siècle, permettait de protéger
Gensac des attaques.
Il y avait jusqu’à 1 400 soldats postés dans le village fortifié. Les anciennes fortifications ont servi de carrière de pierres pour la construction des nouveaux bâtiments dans Gensac, comme partout ailleurs en France.
On peut y admirer la vue sur la vallée de la Durèze.

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Un ancien restaurant, orné d’un magnifique balcon en trompe, appartenant à un style architectural du XVIIIème siècle, nous offre cette vue.

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10) La chaire de CALVIN

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En 1560, la synode (assemblée d’hommes d’église) de CLAIRAC confirme officiellement la religion des protestants dans toute la région. Gensac devient un avant-poste de ce que l’on va appeler la Réforme protestante, une autre façon de pratiquer la religion chrétienne. La majorité de ses habitants suivent cette nouvelle doctrine, les uns par conviction, les autres pour suivre l’exemple de leurs seigneurs.
Jean CALVIN, un franco-suisse et Martin LUTHER, un germanique, ont été les grands penseurs du protestantisme.

Du haut de cette « chaire » en forme de « cul de  lampe », on peut penser que des porte-paroles de ces protestants ont pu tenir des discours très écoutés.

Pour plus de détails sur le catholicisme et le protestantisme, je te renvoie à un article de l’année dernière : http://romain.couairon.free.fr/?m=201603

Derrière la chaire, on trouve un petit jardin, où se situait jusqu’au XIXème siècle, la prison du village. Les barreaux y sont encore présents. Tout près, on peut remarquer une ancienne pompe à main avec une tête de satyre au niveau du tuyau qui fait venir l’eau :

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11) En arrivant sur la place du village…

Tu peux poser la devinette à tes parents. A quelle hauteur par rapport au niveau de la mer se situe la place de Gensac ? Eh bien c’est écrit en bas à gauche de la façade de la Mairie sur cette petite plaque circulaire métallique de l’IGN : 70 m et 80 cm

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En relevant les yeux, tu ne vois que la Mairie, le bâtiment central du village :

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Elle n’a pas trop changé par rapport au siècle dernier…

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Tu remarqueras à gauche de cet édifice imposant, une échaugette, sorte de petite tour ronde. Contrairement à l’usage courant, elle n’a pas été construite pour la défense comme dans les châteaux-forts. Elle a été apposée sur cette maison au XVIIème siècle en signe de distinction honorifique pour son propriétaire.

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De l’autre côté, une horloge est fièrement érigée :

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Pour ne pas avoir à entendre les cloches de l’église et regarder l’heure de ce bâtiment religieux, la municipalité décide au XIXè siècle de construire une horloge sur tour.En effet, la cloche du bourg est « si petite et au son si faible qu’on ne l’entend pas à plus de cent pas ».

En se tournant vers l’ouest, on repère une jolie maison. Cette maison est à colombages (poutres apparentes à l’extérieur), c’est celle qui héberge le Musée du Boulanger. Autrefois, les maisons des riches propriétaires étaient en pierre. Celles des plus nécessiteux étaient faites de bois et de torchis comme celles des maisons des Gaulois.

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Les fenêtres en pierre du musée forment une croix : ce sont des fenêtres à meneaux qui laissent passer la lumière par des vitraux.

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Non loin de cette belle demeure, subsiste l’ancienne salle de théâtre et de cinéma du village. Elle est désormais inocupée :

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Une maison retient particulièrement l’attention sur la place du village, car elle est empreinte d’une histoire dramatique : c’est la maison dite « aux chats » (actuelle maison de la famille PIGEON).

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Tu peux effectivement repérer sur la façade et en haut du toit une sculpture de chat, et une autre d’un animal un peu étrange dont la silhouette ressemble d’ailleurs plus à un singe qu’à un autre chat :

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Il y eut un meurtre dans cette maison au Moyen-Age. Pour bien comprendre pourquoi il eut lieu, il faut bien comprendre la guerre qui sévissait à l’époque entre les catholiques et les protestants :

En 1575 a lieu le premier siège de GENSAC dirigé par Blaise de MONTLUC. La ville, qui est protestante, tombe aux mains de l’armée catholique. Les habitants restent farouchement protestants malgré la présence officielle de la religion catholique. Près de 50 ans plus tard, en 1621, le seigneur de PARDAILLAN (Pierre d’ESCODECA DE BOISSE), protestant et capitaine renommé de la région, commet une trahison en allant rejoindre l’armée du roi Louis XIII, profondément catholique.
Pour se venger de cette trahison, SAVIGNAC, le seigneur d’EYNESSE, profondément protestant, le fait assassiner par ses mousquetaires, selon une vieille tradition, dans une pièce d’une maison donnant vers l’est. On dit qu’il a été défenestré par une ouverture qui est aujourd’hui bouchée :

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Il y a quelques années, le village proposait une reconstitution historique de l’épopée tragique de Pardaillan par le truchement d’un spectacle donné sur la place. Peut-être un jour ce spectacle reverra-t-il le jour ? En attendant, le maître a fait revivre la scène du crime à ses élèves.

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Si tu as retenu, ne serait-ce que quelques bribes de cette visite, maintenant, tu peux désormais la proposer à tes parents !

Il y a encore bien d’autres trésors du passé à découvrir à Gensac, comme ce vieux lavoir, en mauvais état, un peu plus loin du bourg, mais chargé d’histoire…. Ce sera pour une autre fois.

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2 réflexions au sujet de « Gensac, village historique »

  1. John Penny

    Un tres bon travail. De tres bonnes photos et certainement interessant pour les tourists. Si jamais vous repetez l’exercice, vous pouvez toujours me contacter si vous voulez visiter l’ancien ecurie du chateaux, ca veut dire la grande cave chez nous.
    Amicalement
    John Penny

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